4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 19:03

Mon-voyage-en-Afrique---1907.jpg     Après De Gaulle, Churchill vieil ennemi héréditaire.  Rien de prémédité pourtant. Seul le titre m'a fait plonger, n'ayant même pas conscience que ce grand homme avait reçu en 1953 un prix nobel de littérature pour l'ensemble de son oeuvre. Pour moi, il s'agissait uniquement d'un pur politique !

 

     En 1907, le jeune Churchill est un jeune sous-secrétaire d'Etat aux colonies. Il décide de prendre un congé qui va lui permettre de traverser l'Afrique de l'Est.

  

     Très vite, on est pris par les images du livre. Une description très géographique. D'ailleurs, j'avais l'impression de naviguer entre les "mines du roi Salomon" "Khartoum" et  "Tarzan". Churchill sait à merveille mettre en avant cette Afrique immuable.

 

     Il nous décrit avec précision ses scènes de chasse quelques années avant Hemingway ou Huston. Et semble peu sensible aux risques encourus par la faune et la flore.

 

     En revanche, coté humain, le personnage est très ambigu . Les noirs sont beaux, accommodants et fort redevables à la colonisation. D'ailleurs, ils l'accueillent avec des danses, le véhiculent en pousse-pousse, et sont parfois fatigués ! Certains font preuve d'intelligence même !

 

     Churchill reste visionnaire sur beaucoup de points. Sur la santé et la mortalité, il donne un avis éclairé en parlant de la propagation de la trypanosomiase et des meilleurs moyens de lutter contre. Il insiste sur la mise en place de contrôle de l'ensemble du système fluvial afin de produire l'énergie nécessaire aux futurs industries. Il parle de l'implantation du coton et des cultures vivrières, mettant en place dans sa tête un schéma de développement pluriannuel.


     Véritable ode au développement des moyens de communications, Churchill vante sans cesse les mérites du chemin de fer. Pourtant une grosse surprise dans cette évocation du capitalisme effréné, c'est lorsqu'il annonce que la meilleur des choses serait un developpemnt par l'Etat. Ainsi, page 118, il déclare : "En effet, il serait difficile de trouver un pays où les conditions puissent être plus favorables qu'en Ouganda pour faire l'expérimentation d'un socialisme d'Etat..." La tête de son employeur à Londres a du valoir son pesant d'or au moment de cette lecture.

 

     Toute l'ambiguïté du personnage est là. D'un coté il parle de populations pacifiques et industrieuses (les bons nègres) et veut s'en servir de terrain d'expérience ; de l'autre, il propose rien de moins que le socialisme qui va à l'opposé de la notion coloniale.

 

     Donnant son avis sur tout sans qu'on le lui demande, Churchill est déjà un personnage encombrant de l'Histoire. Il faut prendre ce livre comme un témoignage de son époque, celui d'un jeune homme ambitieux qui avoue de lui même :" j'ai commencé à réaliser à quel point l'esprit de ces contrées merveilleuses avait pris possession de moi, car c'était avec la plus grande réticence et la plus grande difficulté que je me forçait à poursuivre sur le chemin du retour..." Quelle aurait été la face du monde, si l'Afrique l'avait gardé dans ses filets ?

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