4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 21:03
          Je vous avais prévenu, le Gabon revient souvent dans mes lectures.

           En fait, après quelques introspections, je me rends compte que depuis longtemps mon rendez-vous avec ce pays était inéluctable.


             Après une scolarité enfantine à l'école Saint-Exupéry dont je n'ai jamais réussi à finir le Petit Prince,contrairement à ses histoires d'aviation et de pionniers, ce fut le temps du CES. En 1979, j'entrais au collège Albert Schweitzer inauguré l'année précédente. Pour moi, rien de plus rien de moins qu'un nom et une plaque près de la bibliothèque dans un endroit peut éclairé d'après mes souvenirs. J'y fit mes quatres années légales puis j'allais au lycée JJ Rousseau à Montmorency. Quand vint le temps de la Fac, je choisi Nanterre Paris X car elle était la seule à offrir de l'ethnologie dès le Deug. Bref, j'avais depuis le début suivi le périple d'une scolarité sur le nom d'écrivains et d'aventuriers pour choisir une branche d'étude où l'évasion et la connaissance de l'autre se côtoyaient.

         Puis vint ce que les jeunes d'aujourd'hui ne connaissent plus, le service militaire. J'étais à la limite de ce que l'on pouvait faire pour le repousser et quand vinrent les fameux trois jours, je me retrouvais seul type en maîtrise parmi 400 appelés. Étant bien entendu apte à tout et de préférences au corps des officiers, je déclinait l'invitation mais signalais mes possibilités de faire instituteur étant donné que j'exerçais cette profession au titre de non titulaire. Surprise, la réponse fut immédiatement oui et c'est ainsi qu'au mois de Septembre suivant, je me retrouvais à Libreville , capitale du Gabon , pour un séjour de deux ans que je n'ai jamais regretté, ni oublié. Depuis, je continu de suivre l'actualité de ce petit pays et notamment les parutions s'y rapportant.

        Lors de ce séjour, je lu la biographie de Marco Koskas "Schweitzer ou le Démon du bien" ainsi que les ouvrages de l'homme tels Qu' "histoires de mon pélican" et  "A l'orée de la Forêt Vierge". Bien entendu je séjournais à plusieurs reprises à Lambaréné et dans ses environs. Pourtant, la corrélation entre le nom de Schweitzer et mes années de collège m'avait totalement échappée. Ce n'est qu'avec la lecture de ce livre que le lien c'est fait. Non pas à cause de son contenu, mais à cause d'images qui vous reviennent en mémoire.Vous savez maintenant pourquoi les ouvrages sur le Gabon et l'Afrique ainsi que les sciences humaines ont une place certaine sur ce Blog.


           Après ce long préambule autobiographique et reflétant mon égo comme sur tout bon blog qui se respecte, passons donc à cet ouvrage.

          Dans un but louable, l'auteur, ancien médecin militaire français affecté sur différents terrains des anciennes colonies françaises, souhaite réhabiliter la mémoire de ses illustres prédecesseurs et remettre l'Hopital Schweitzer ainsi que son créateur à leur juste place dans le système médical des pays en voie de développement. Il entreprend donc un démontage en règle du mythe Albert Schweitzer , prix Nobel de la paix 1953. Les arguments touchent juste. En effet, comment comprendre l'aura de l'homme alors que son action n'aura jamais visé à la réduction de grandes endémies africaines comme la maladie du sommeil, ou la lutte contre le paludisme. En ce sens, la démonstration sonne juste, Schweitzer n'aura finalement bâti une oeuvre que très égoïstement, persuadé de la justesse de sa vision, sans se préoccuper des réalités du terrain. L'homme se disait volontiers opposé au progrès et régnait en patriarche sur sa communauté. La conclusion le dit bien, son oeuvre ne lui aura pas survécu. Il est intéressant de noter ce qui concerne sa rapide formation médicale ainsi que son exercice fortement écourté. Le Grand Docteur Blanc était plus un bâtisseur locale qu'un médecin précurseur de l'humanitaire. Raciste, d'un autre siècle, les qualificatifs ne peuvent être niés. Ce qui me semble plus gênant, c'est le coté bienfait de la colonisation développé par l'auteur qui n'est pas sans rappeler une certaine tentative de loi récente. Pourtant, l'auteur nous indique aussi que Schweitzer pensait que l'homme noir n'était pas entré dans l'Histoire, ce qui n'est pas non plus sans faire référence à des propos récents. L'auteur lui même qualifie les noirs de grands enfants, ce qui n'est pas la moindre des visions passéistes tout de même.
   
           Le plus désagréable, c'est la répétition constante des thèses de l'auteur. On se croirait dans un mémoire de maîtrise délayé jusqu'à plus soif pour atteindre le volume de pages nécessaire à sa validation. Pourtant, dans le dernier quart de l'ouvrage, l'intérêt se réveille à nouveau de par une vision plus proche et anecdotique liée au vécu de l'auteur, celui ci ayant été médecin-chef de l'hôpital administratif de Lambaréné. Le descriptif du terrain m'étant plus parlant pouvant mettre en relation mes propres images mentales.

           Quelques anecdotes m'ont fait sourire comme le fait que Schweitzer avait récupéré le siège de Pétain à l'Académie des sciences Morales et Politiques. Drôle de symbole... L'importance de l'influence américaine dans son ascension notamment par le biais des protestants. Malgré cela et comme l'auteur, j'ai du mal à ne pas avoir de la sympathie pour ce personnage, cette force de la nature, car résister jusqu'à 90 ans dans la foret équatoriale témoigne d'une constitution robuste et je sais de quoi je parle.

         Mais j'aurais aimé une description plus ample de Lambaréné, de la mission du N'Gomo, de ce fleuve Oogoué. Bref, peut être un peu plus de poésie et moins de redites. Pour moi, Schweitzer restera attaché à Lambaréné, et non l'inverse, ce qui fait que le mythe n'aura pas besoin d'être déboulonné, je partageais finalement une vision du"Grand Blanc de Lamnaréné" très proche de André Audoynaud, mais j'ai découvert d'autres hommes de qualité dans les médecins coloniaux cités, et je sens poindre l'envie de mieux les connaître, ce qui finalement était un des buts avoués de l'auteur.

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