Attention, chronique non sincère, mais teintée de subjectivité la plus neutre possible.
Revoici Antoine Piazza mais dans une livraison plus ancienne. L'auteur, instituteur rentré d'Afrique, est nommé dans un village du Haut Languedoc. Dans ces terres en voie de dépeuplement, Piazza navigue entre souvenirs ethnographiques, petite chronique du quotidien et futur immédiat.
Avec son écriture précise, très narrative, poétique et nostalgique mais dans le bon sens du terme, l'auteur fait sentir cette terre qui se désertifie, où les ronces petit à petit gagnent du terrain tout comme la rivière qui inlassablement creuse son lit dans le terrain de Clovis l'ancien gendarme.
Tout est là, dans la description des vies de cette terre aride, où la chasse reste l'élément principal du rythme annuel. Le temps semble suspendu tout en s'écoulant inexorablement. Il y a les conflits, de générations, de mode de vie, avec les hippies venus s'installer mais jamais intégrés.
Au centre de cet univers, les enfants et l'école. Point de description du travail, mais une forme d'écriture à la Camara Laye,
prétexte à embrayer sur les histoires de famille, des hameaux proches et si lointains. Pas vraiment à la gloire de l'école publique, on sent ici le même désarrois, désamour, que dans la route de Tassiga.
En attendant mieux, notamment de réussir à écrire que l'auteur décrit comme un appel, il assume le rôle d'instituteur, mais il n'y croit pas, n'y croit plus. Son plus grand plaisir est de sortir de la classe avec les enfants, grande bouffée d'humanité pour tous, même si cela ne convient guère. Le certificat d'étude reste un évènement marquant pour la population locale, avec ses gloires et ses douleurs. Mais rien ne peut lutter dans ces destins figés dans un autre temps, un ailleurs imaginable mais sans passions.
Dans la rigueur du climat on croise le maire, le cancre ou l'idiot du village, l'enfance ou la vieillesse, la réussite ou la déchéance. On est pris sur le fait, les ronces capturant le bas de notre jambe pour nous attacher à cette terre. On retrouve ce qui fait Piazza, un rythme, un souffle, une humanité...Je vous avais prévenu, subjectif mais neutre.