22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 19:59
     Au commencement était Poncey, à l'arrivée sera Poncey.

     Poncey est l'âme de la route, celui dont les rêves les plus chimériques doivent se réaliser pour le réaliser.

     Tout commence à l'arrivée de l'instituteur sur un chantier de brousse. Un volontaire qui comme tout ceux dans son cas cherchait surtout à éviter la conscription et puis aussi fuir une vie française. C'est du moins ce qu'il laissera entrevoir lors de l'appel avec son père.

     Mais revenons à Tassiga au Niger, dont tout le monde sait que Niamey est la capitale. Nous ne sommes pas dans la capitale mais bien en pleine brousse. Sur un de ces grands chantiers établis par des financements internationaux et dont l'intérêt pour l'Afrique est de toute façon mineur.

     Ici, pas ou peu de descriptions de la vie locale, d'exotisme de pacotille pour guide touristique. Ici, il n'y a que le chantier. Avec ses ressortissants qui s'installent au fur et à mesure. Avec d'un coté les familles et de l'autre les célibataires.

     Nous vivons le rythme de l'avancée de la route avec ses petits malheurs, ses joies aussi lorsqu'un tronçon abouti. Tout est sous la coupe de Poncey, chef de chantier à l'ancienne, homme de terrain qui ne s'en laisse pas conter par le siège. Celui qui sait choyer ses hommes mais aussi les humilier, les faires plier. Un chantier en brousse, c'est la somme de toute nos petites turpitudes, décrit froidement. Mais la route avance toujours. Malgré les moteurs qui cassent. Malgré les incompétences, mais aussi par la volonté de mécanos toujours prêts, disponibles.

     Un chantier en brousse, c'est un point de départ et sa vie qui s'organise. Le club, lieu de rendez vous de tous les blancs où l'on recrée les dimanches à la française. C'est cette idée bien ancrée que l'on appartient à une communauté. Mais cette communauté rabâche ses rancunes, ses petites lachetés. Les femmes s'ennuient. Elles font la cuisine. Prennent du poids sous la langueur du climat. Plus la route avance, plus les relations deviennent de façade. Une nécessité sociale mais aucune réalité. Les classes sociales se redessine rapidement. Et l'on oublie ces ouvriers dans un coin de la ville. Personne ne veut voir leur désarroi. Et puis ces petites mesquineries. On est là pour faire fortune et payer rapidement les traites de sa maison que sans l'expatriation on n'aurait pu s'offrir. On pense aux études des enfants et finalement tout le monde se retrouve de chantier en chantier. De prétexte en prétexte.

     Et puis la lueur d'espoir. Celle qui fait croire que ce temps ne finira jamais. On va créer un camps avancé afin de prolonger cette route avec un nouveau contrat. Le rêve de Poncey est réalité. Du moins pour ceux qui y croient ou veulent y croire. L'auteur instituteur lui même s'y fait prendre un instant. Pourtant, quel besoin d'une école sur un lieu de célibataires? Il en est conscient mais l'enthousiasme de Poncey soulève les montagnes, les découpe, tord les paysages selon sa volonté.

     La route de Tassiga , ne parle pas d'Afrique ni de l'Afrique. Ou si peu. Mais elle en parle magnifiquement pour ceux qui l'on vécu en tant que volontaires ou plus tard coopérant du service national.

     La route de Tassiga, c'est l'inexorable qui s'avance et qui un beau jour s'achève, laissant dans votre tête des images, des sentiments, des ambiances. La route de Tassiga c'est un livre magnifique à mes yeux. Je ne sais comment dire, mais cette vie, ce coté inexorable et l'éternel recommencement, bref; la route de Tassiga il faut la prendre. La sentir, la voir se bâtir sous nos yeux de lecteur. Un livre très beau , mais là je ne suis que subjectivité.
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commentaires

K
<br /> Ce sont les ronces que j'ai lu d'ailleurs, où il est instit' dans un coin paumé du sud de la France. Les trois romans sont à la bibli, j'ai de la chance!<br /> <br /> <br />
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K
<br /> j'ai failli le lire (ah oui j'ai connu ce coin là) mais j'hésitais. Pourtant j'avais déjà lu un roman de l'auteur, qui se passe en France.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Pas d'hésitation, surtout qu'il vient de sortir en Poche chez Babel je crois. Personnellement et subjectivement, je reste un inconditionnel ! Il a aussi écrit "les ronces" et "roman<br /> fleuve".D'ailleurs je vais bientot me les procurer<br /> <br /> <br />